
La situation du crime numérique en Côte d’Ivoire au cours de l’année dernière a été présentée, lundi 1er avril 2019, au cours d’une cérémonie organisée par l’Artci, à son siège, à Marcory.
Les cybercriminels ont été très actifs en Côte d’Ivoire, l’année dernière. Le bilan 2018 de la Plate-forme de lutte contre la cybercriminalité (Plcc), organe gouvernemental chargé de la répression de la cybercriminalité, notamment les infractions spécifiques liées aux nouvelles technologies et celles dont la commission est facilitée par l'usage de ces mêmes technologies, fait état de 2860 plaintes pour 5 595 075 998 CFA de préjudices financiers. La majorité des victimes, soit 98%, résident essentiellement en Côte d’Ivoire. 89 suspects ont été interpellés et 73 d’entre eux ont été déférés devant le tribunal.
Le profil des victimes est assez diversifié, avec 60% hommes, 36 % femmes et 4% entreprises. Le rapport de la Plcc montre également que 88% des victimes ont plus de 26 ans et que l’âge moyen est de 40 ans. Ce sont, en général, des personnes issues de la classe moyenne, qui ont une trop grande confiance au monde virtuel, puisque les enquêtes de la Plcc révèlent qu’elles jouent un rôle décisif dans la perpétration du crime.
Quant aux criminels, ce sont des jeunes âgés en moyenne de 24 ans. Ils ont une scolarité difficile ou sont déscolarisés autour de la classe de 3e. Conséquemment, ils ne font pas usage de procédés techniques avancés (Hacking) pour la perpétration de leurs crimes. Ils sont d’origine pauvre où en chômage, ce qui fait dire aux experts de la Plcc que leur comportement criminel tend à répondre à une agression ou une injustice subie. 92 % d’entre eux sont des hommes dont 63 % ont un âge qui oscille entre 18 et 27 ans. 37 % des cybercriminels épinglés en 2018 sont élèves ou étudiants et 19 % sont sans emploi.
La nomenclature des infractions montre que les cybercriminels qui opèrent en Côte d’Ivoire pratiquent essentiellement la « Fraude sur porte-monnaie électronique » (538 plaintes pour 257 907 471 FCfa de préjudices financiers), « Utilisation frauduleuse d’élément d’identification de personne physique ou morale » (407 plaintes pour 295 368 722 FCfa de préjudices financiers) et « l’Atteinte à l'image et à l'honneur (menace, injures, harcèlement, diffamation) » (374 plaintes pour 23 784 100 FCfa de préjudices financiers).
Pour Bilé Diémélou, directeur général de l’Autorité nationale de régulation des télécoms/Tci, ces résultats montrent que du chemin a été parcouru dans la lutte contre la cybercriminalité en huit ans d’existence de la Plcc. «C’est donc avec grande fierté que l’Etat Ivoirien a pu mettre en place un des outils opérationnels de lutte contre la cybercriminalité les plus actifs et performants de toute la région. », s’est-il réjoui. «En effet, fruit de la collaboration étroite entre la Direction générale de l’Artci et la Direction générale de la police nationale, la Plate-forme de lutte contre la cybercriminalité (Plcc) affiche, depuis plus de huit (08) ans, des résultats encourageants perceptibles sur le terrain dans le cadre de la lutte contre la cybercriminalité », a-t-il poursuivi.
La lutte contre la cybercriminalité ne saurait être exclusivement une action du gouvernement, de la Police nationale ou de l’Artci, a mentionné Bilé Diéméléou. « Nous avons tous un rôle à jouer, afin de faire de notre cyberespace un environnement propice au développement de l’économie numérique, pour le grand bonheur des populations », a-t-il souligné. Aussi la Plcc a-t-elle prévu dans son programme d’action 2019 de prévenir et renforcer la capacité de résilience de la population face à la cybercriminalité, à travers l’organisation d’une campagne nationale de lutte contre la cybercriminalité et de séminaires de formation et de réflexion sur le renforcement des mécanismes de répression en matière de cybercriminalité.
La Plcc a cinq missions principales : effectuer des enquêtes judiciaires portant sur les infractions liées à l’utilisation des systèmes d’information, et portant sur les modes de traitement, de stockage et de transmission de l’information ; mener des actions de sensibilisation et d’information sur la cybercriminalité auprès des populations et des autres services de l’administration publique et du secteur privé ; participer à la définition et la mise en œuvre des mesures techniques, organisationnelles et réglementaires dans le cadre de la lutte contre la cybercriminalité ; être le point focal national en matière d’investigations judiciaires pour les infractions de cybercriminalité ; contribuer à la formation technique du personnel des services chargés de l’application de la loi pour le renforcement des capacités en matière de lutte contre la cybercriminalité.
Source: https://www.fratmat.info/
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